Je n’avais pas l’occasion de sourire vraiment ces derniers temps. Lukeria refusait de m’adresser la parole depuis notre dispute lors de l’annonce de mes fiançailles imposées avec Gwayne. Quant à mon « fiancé », celui-ci passait plus de temps à m’éviter qu’autre chose. En bref, deux de mes meilleurs amis me laissaient de côté et le troisième n’était pas en état de me remonter le moral. De ce fait, la « blague » des Joyeux Lurons tombaient à pique, si on oubliait que la présidente n’était autre que Lukeria évidemment. Elle avait cependant besoin de se changer les idées autant que moi mais je ne serai certainement pas celle à faire le premier pas pour tenter de savoir le pourquoi du comment.

La blague fonctionnait parfaitement et je ne pouvais m’empêcher de sourire en voyant tout ce remue-ménage. Cet élitisme commençait à bien faire et si certains méritaient leurs éloges, d’autres n’étaient uniquement présents pour faire office de tapisserie. Et si j’étais fière du travail réalisé pour cette blague, j’avais dès le départ précisé que Meredith ne serait pas touchée, elle qui faisait d’office partie du groupe restreint d’élèves méritant les éloges de la soirée.

Installée sur ma chaise à profiter du spectacle avec ce même sourire étiré sur mon visage, je ne me rendis compte de l’arrivée de ma cousine qu’au moment où elle me demanda d’où mon air joyeux venait. Pensant que tout le monde était bien trop occupé avec la blague, je ne vérifiai évidemment pas les potentielles oreilles et décidai de lâcher l’info à Meredith. Cette dernière me réprimandait probablement, s’inquièterait encore plus mais n’irait en aucun cas dire quoi que ce soit.

« Oh, rien d’important, juste que notre petite blague fonctionne à la perfection et que ça fait un peu de bien de se changer les idées un peu. » Je tournai la tête vers la Poufsouffle et continuai. « Et avant que tu ne me fasses la leçon, sache que je ferai en sorte de t’éviter tout désagrément. Tu ne fais pas partie des personnes visées réellement, en tout cas selon moi. »

On ne pouvait pas dire que la soirée se déroulait de façon très orthodoxe. Tranquillement assise à côté de sa cousine, Meredith observait la scène assez étrange sans comprendre. Des élèves aux allures d'ordinaire si nobles et supérieures s'étaient mis à agir de façon totalement différente, à tel point qu'elle se serait presque inquiétée pour beaucoup d'entre eux dont la réputation allait en prendre un grand coup, si elle n'avait pas entendu le rire amusé de sa voisine. Celle-ci ne semblait pas soucieuse le moins du monde et avait même l'air d'en savoir beaucoup plus qu'elle. Et en effet ne résistant pas au regard curieux de la jaune, Rosehei finit par lâcher le morceau. « Oh, rien d’important, juste que notre petite blague fonctionne à la perfection et que ça fait un peu de bien de se changer les idées un peu. » Elle avait bien deviné ses pensées. Pinçant des lèvres Meredith retint tout commentaire, même si elle n'en pensait pas moins. Pour commencer, elle trouvait la blague risquée, si sa cousine et ses complices se faisaient attraper nul doute que la directrice et le corps enseignant se feraient un plaisir de leur faire payer cette farce. Il est vrai qu'elle devait réprimer un certain sourire en voyant des élèves souvent bien trop prétentieux tournés au ridicule, quelque part ce n'était que justice. Oui, mais ça restait assez enfantin comme blague. Trop pour qu'elle puisse vraiment en rire. Elle esquissa un sourire toutefois quand sa cousine lui assura qu'elle ne devrait pas être visée, elle aimerait en effet éviter de se retrouver sous l'emprise du sortilège ou de la potion qui avait été réservé aux autres convives. « J'espère qu'ils seront en mesure de se souvenir de leurs exploits. » lâcha-t-elle à mi-voix, un demi sourire sur les lèvres. Elle n'était toujours pas en faveur de la blague, mais puisque c'était fait, autant qu'elle soit utile à quelque chose et que ça serve aux victimes de leçon. Avant que leur conversation ne puisse aller plus loin une voix ennemie vint les déranger.

« Mais qu'entends-je ? Vous seriez toutes les deux liées au petit désagrément de notre soirée ?  » Meredith retint une grimace au contact de la main de Cersei sur son épaule. Si elle avait du penser à quelqu'un qu'elle aurait aimé voir pâtir de cette farce elle aurait sûrement nommé la De Lioncourt. Son maigre sourire disparu, tandis que ses muscles se tendirent légèrement, inquiète. Mauvaise menteuse Meredith n'avait pas envie d'attirer des ennuis à sa cousine. Cersei laissa jouer ses doigts sur la peau légèrement découverte de ses épaules, mettant la Poufsouffle extrêmement mal à l'aise. « Non, bien sûr. Tu n'aurais pas le cran ou la stupidité de faire une telle chose, n'est ce pas Meredith ?  » Elle aurait aimer dire non juste pour la contredire, mais non seulement ça aurait été stupide, mais en plus ça aurait été faux. Meredith n'était pas du genre à faire ce genre de coup aux autres, elle était bien trop bienveillante pour ça, il lui était même très peu naturel de souhaiter du mal à ses ennemis et même quelqu'un comme Cersei le savait. Elle haussa les épaules. « Faire quoi exactement? Es-tu en train de suggérer qu'on aurait pu organiser un tel chaos? » fit-elle comme si l'idée même était ridicule. Elle haussa les sourcils écarquillant ses yeux véritablement innocents. Après tout elle ne savait véritablement pas comment Rose et ses compères s'y étaient pris et d'ailleurs suggérer qu'elle-même ai pu être dans le coup était réellement ridicule. Son regard allant d'une Gryffondor à l'autre elle remarqua le changement d'expression de sa cousine, vit la douleur dans ses yeux l'espace d'un instant et fronça les sourcils dans l'incompréhension. « Quant à toi, je ne suis pas tellement surprise de voir que tu ne supportes pas le manque d'attention ne serait-ce qu'une seule petite soirée. Dis moi Rosehei, combien de temps faudra-t-il que ta cousine hurle sa douleur avant que tu ne confesses tout au sujet du petit incident de ce soir ?  » Son froncement de sourcils s'accentua, elle appréciait très peu, voire franchement pas du tout que Cersei s'adresse de cette façon à sa cousine. La De Lioncourt représentait plus ou moins tout ce que Meredith pouvait reprocher aux nobles et particulièrement à sa famille suzeraine. Cruelle, prétentieuse, se complaisant dans le vices et la méchanceté, non vraiment elle ne lui trouvait aucune qualité pour racheter ses nombreux torts. Avant qu'elle n'ai pu néanmoins réagir indignée, malgré sa réserve habituelle, une espèce de décharge extrêmement douloureuse lui traversa le corps faisant trembler tout ses muscles. Elle lâcha un cri de surprise, se mordant néanmoins rapidement la lèvre pour ne pas en laisser échapper plus. Pas question qu'elle fasse ce plaisir à la brune, en revanche elle ne poussa pas la provocation jusqu'à soutenir son regard. Des yeux elle cherche plutôt sa cousine à qui elle lança une supplication silencieuse, non pas pour qu'elle confesse et que Cersei la laisse tranquille, mais pour prier Rose de ne rien avouer. « Tu n'as pas le droit de faire ça. » lança-t-elle platement à l'intention de Cersei. Une partie d'elle savait pertinemment que cette remarque ne servirait à rien, mieux même, elle serait sûrement accueillie par un rire, mais elle la fit malgré tout, parce que c'était la vérité.

« Est-ce que ces demoiselles ont un problème ? » Elle leva les yeux vers le jeune homme qui s'était approché, une esclave dans un bien piètre état sous le bras. Soupirant d'abord de soulagement c'est vers Callie que l'attention de Meredith se concentra oubliant presque la menace de Cersei et de son talent si particulier. « Elle va bien? » fit-elle ne pensant pas à cacher sa réelle inquiétude pour la pauvre adolescente qui semblait ne même pas savoir où elle était. La seule chose qui l'empêchait de se lever pour porter secours à l'esclave était la main de Cersei encore sur son épaule. Cette main était là aussi pour lui rappeler qu'elle devait montrer de la retenue dans son empathie pour Callie, elle l'avait oublié l'espace d'un instant, mais elle n'était pas censée réagir avec une telle détresse pour une née-moldue. Et pourtant, ses yeux anxieux ne la quittaient plus.  

« Va savoir. Pose-leur la question demain matin, quand ils seront plus amènes à te répondre. », répondis-je à la Poufsouffle, gardant un sourire qui partit bien trop vite, une poignée de secondes plus tard, à cause d’une seule voix. Voix qui signifiait ennuis. Je soupirai.

Si Meredith n’avait pas été à mes côtés, je l’aurais entendu me sermonner sur mon imprudence. Que j’aurais dû réfléchir avant de parler ou plutôt dans notre situation actuelle, vérifier qu’aucune oreille ne traînait dans le coin. Je pensais les avoir tous vus, à l’exception de Meredith évidemment, boire l’alcool dans leurs verres. Mais la voix de Cersei qui me parvenait à mes oreilles me fit comprendre le contraire. Si la grande sœur de Jaime pouvait avaler sa suffisance et s’étouffer avec, cela ferait du bien à tout le monde. Ou du moins à Meredith et moi en cet instant. Pourquoi avait-il fallu que ce soit elle ? Elle et son don loin d’être agréable et dont elle usait allégrement ?
La main de la De Lioncourt se baladait dangereusement sur l’épaule de Meredith alors que cette dernière essayait tant bien que mal de lui répondre sur un ton désinvolte ; je craignais le pire. Son sourire mauvais et sa main sur moi firent le reste, me faisant ressentir une douleur atroce pendant quelques secondes. La garce. Les quelques secondes parurent une éternité, me coupant ma respiration. Elle méritait un sort bien placé en plein visage pour ce qu’elle venait de et comptait faire. Me levant de ma chaise avec détermination, je fixais la De Lioncourt d’un regard haineux et déterminé.

« Si tu la touches… » Sa menace n’avait rien changé aux intentions de Cersei et je ne pus rien faire face à la douleur que ressentait Meredith, qui me lançait une supplication silencieuse. De ne rien dire probablement. « Arrête ! A quoi ça t’avance de t’attaquer à elle ? Tu sais aussi bien que moi qu’elle n’a rien à voir dans cette histoire… »

La douleur s’échappait petit à petit de mon corps, me faisant reprendre des forces, tandis qu’une voix un peu trop familière intervint, stoppant en même temps le supplice de ma cousine. Je pris en charge Meredith en maugréant un « Mon héros » ironique en direction de Gwayne avant de me rendre compte de la personne que mon « fiancé » tenait dans ses bras : Callie. Callie qui semblait loin d’aller bien à cause de ce qu’elle avait dû ingurgiter. La blague n’aurait pas dû les toucher. Chose que Meredith l’altruiste, qui venait de souffrir le martyr à cause de Cersei, oublia pour s’inquiéter de l’état de l’esclave.

« Et est-ce que toi tu vas bien, Mer’ ? » Je n’attendis pas sa réponse pour continuer sur ma lancée et provoquer Cersei de la même façon qu’elle nous avait provoquée. Oui je le cherchais mais si elle voulait quelqu’un sur qui se défouler, il fallait qu’elle laisse Meredith, et Callie aussi désormais, tranquille. « Quant à toi Cersei tu es tombée bien bas à t’attaquer à la seule personne qui serait incapable d’avoir quoi que ce soit avoir avec toute cette histoire. » Je laissai une certaine distance –éphémère– entre elle et moi. Il ne fallait pas qu’elle me touche. Qu’elle nous touche, même. Oui, y compris Gwayne qui venait de jouer son preux chevalier alors qu’il m’évitait depuis des semaines.

« Et est-ce que toi tu vas bien, Mer’ ? » Elle leva les yeux vers sa cousine, surprise par la question. Allait-elle bien? Elle faillit répondre spontanément que oui, mais elle se sonda d'abord et réalisa que la réponse était un peu différente. Elle avait mal. Cersei avait beau avoir cessé son emprise sur elle, la douleur était lente à quitter complètement son être et elle s'attardait dans son corps comme un goût amer dans la bouche. Néanmoins c'est par un hochement de tête affirmatif que Meredith répondit pour ne pas inquiéter sa cousine. Et aussi parce qu'elle considérait qu'il y avait plus urgent et plus important que sa propre douleur, comme la situation de Callie par exemple, Callie au passage qualifiée de "chose" par la merveilleuse Cersei de Lioncourt. Qu'avait-il bien pu se passer pour que l'esclave soit dans un état pareil? Ses yeux volèrent vers les autres élèves présents dans la pièce, notamment les nombreuses personnes agissant de façon étrange. L'attitude de Callie ne semblait pas bien différente des leurs, son malêtre pas bien différent de celui qui affligeait les autres. Elle doutait que quiconque soit à l'origine de la farce ait attaqué une esclave de façon délibérée. Néanmoins selon toute apparence, Callie était touchée par la même affliction que les victimes de la blague. Voilà pourquoi elle-même n'aurait jamais pu songer à une chose pareille, pour toucher quelques personnes qui méritaient probablement leur sort, il fallait fermer les yeux sur quelques dommages collatéraux. Or Meredith n'était pas douée pour fermer les yeux.

« Il faut la calmer. » fit-elle complètement inconsciente de la bataille qui se jouait entre Cersei et Rosehei. « Quant à toi Cersei tu es tombée bien bas à t’attaquer à la seule personne qui serait incapable d’avoir quoi que ce soit avoir avec toute cette histoire. » Petit retour à la réalité. Visiblement personne ne l'écoutait. Si elle apprécia le fait que sa cousine prenne sa défense, Meredith fronça les sourcils, soucieuse des conséquences de ses paroles. Si Cersei avait pensé trouver une victime facile en Rose elle se trompait lourdement, mais la capacité de celle-ci à tenir bon et ne pas s'écraser pouvait s'avérer dangereux lorsqu'il s'agissait de tenir tête à la De Lioncourt. La Poufsouffle ne voulait pas que sa cousine s'attire des ennuis. « Tomber bien bas ? Penses-tu vraiment me vexer avec une telle remarque ? Mon petit cœur, tu ne connais décidément rien aux usages de ce monde. Si je veux obtenir quelque chose, m'en prendre à ceux ou celles la possédant ne me garantit pas un résultat satisfaisant. M'en prendre à leurs proches, par contre.... » Aussitôt dit aussitôt fait, Meredith n'eut même pas le temps de désapprouver le ton de la lionne que Cersei lui envoya une nouvelle vague de douleur qui la fit se tortiller malgré elle. C'était injuste pour sûr. Elle n'avait rien fait elle. Elle n'était même pas d'accord avec l'idée de la farce et si on lui avait donné le choix elle aurait préféré s'occuper de Callie plutôt que d'être entraînée dans une dispute qui serait probablement sans fin. Mais l'injustice était l'état normal des choses à Poudlard. À nouveau elle fit signe du regard à Rose de ne pas craquer. Si elle était mêlée de force dans l'histoire, elle voulait au moins s'assurer de ne pas être la cause de la perte de sa cousine. « Non. » réussit-elle à articuler, la voix étranglée, mais le ton ferme à l'attention de sa cousine.