Poudlard, la rentrée, le retour dans mes appartements, dans ma seconde famille. Heureusement je n'avais plus cette boule au ventre, car déjà trois de mes frères étaient dans les bâtiments de Poudlard et je gardais très souvent un oeil sur eux. Oui étant un grand frère protecteur je ne voulais pas les laisser sans protection, je ne voulais pas qu'ils souffrent, de plus que parfois les sangs-purs se montraient méchants envers les sangs-mêlés. Je le savais j'en avais déjà payé les frais, mais jamais je n'avais ronchonné. Non je devais être droit et juste, si je ne voulais pas que ma famille subisse les foudres d'un sang-pur. Oui je les craignais je savais qu'ils avaient tout les droits et c'est cela qui me faisait extrêmement peur. Même si j'étais de nature joviale, parfois je me montrais réticent et anxieux. Aujourd'hui était une douce journée, le soleil pénétrait légèrement dans l'enceinte de Poudlard, par contre le calme était là. Je traversais les couloirs de Poudlard pour me diriger à l'extérieur. Voulant profiter du beau temps, sauf que alors que je traversais le premier étage je découvris la douce et ravissante Rosehei Tyrell. Je sentais une vague de chaleur me traversait le corps et mon coeur s'accélérait légèrement. Qu'est-ce ce qu'elle était belle dans son uniforme avec le blason de la maison Gryffondor, son regard si mystérieux. J'étais attiré comme un aimant envers elle, je m'étais totalement imprégné d'elle et je ne pouvais plus m'en défaire. Malheureusement c'était impossible d'espérer une quelconque histoire avec elle, la pureté de son sang ne pouvait pas être souillée. Je n'étais qu'un simple sang-mêlé et pour elle je ne devais pas avoir grand intérêt. Pourtant je ne pouvais m'empêcher d'être toujours là lorsqu'elle en avait besoin. D'ailleurs je remarquais qu'elle avait une pile de livre dans les mains, même si j'avais déjà les miens et j'avais dû mal à les porter il fallait que je le fasse. Me dirigeant vers elle d'un pas rapide, je profitais de l'occasion qu'elle soit seule pour pouvoir lui adresser la parole. Voilà longtemps que je ne lui avais pas adressé la parole et une question me tourmentait l'esprit. Apparemment la douce Rosehei serait fiancé à un ami à elle Gwayne. Je redoutais que cela arrive, oui c'était prévisible et je m'y attendais, mais en même temps j'étais tellement triste, parce que j'avais toujours eu un léger espoir. Dans mes rêves les plus fous, oui c'était stupide, je rêvais d'une chose qui était contre la société, contre le roi. Je ne pouvais rejoindre la rébellion même si pour Rosehei je le ferais. Mais qu'est-ce que je raconte, jamais Rosehei ne pourrait avoir envie de se rebeller, elle ne doit pas accorder grand importance aux sangs-mêlés et aux esclaves et je la comprends un peu. Oui j'étais attaché à elle donc je disais des conneries. Mais bon il fallait que je prenne mon courage à deux mains pour lui parler.

« Rosehei. Tu vas bien ? Tu as passé de bonne vacance, laisse moi t'aider je vois que tu as des livres dans tes mains ne t'inquiète pas je vais les porter » dis-je avec un léger sourire gêné.

Bon ça va j'avais réussi à articuler une phrase correctement et puis je me dirigeais pour lui prendre ses livres et les déposer tant bien que mal sur ma pile de livre. Oui c'est sûr que là je sentais un poids sur moi et c'était loin d'être agréable. Mais je pouvais bien faire ça pour Rosehei non ? Après tout elle le méritait. Non elle ne méritait rien du tout, c'est juste pour mon bon plaisir que je faisais cela depuis trois années maintenant. J'avais toujours ce sourire idiot sur mes lèvres, les joues légèrement roses et j'avais la pile de livres qui me faisait souffrir.

« Sinon je t'amène où ? » dis-je toujours sur un ton jovial et enjoué.

J'étais heureux quand je lui rendais un petit service et qu'elle me répondait avec sa voix toujours douce et rieuse. Rien que de l'entendre ou de la voir j'étais heureux, c'était surement idiot, mais c'était plus fort que moi d'être comme ça. C'était un autre Isak, un Isak qui était amoureux. Je détestais dire ça, je ne sais pas pourquoi, mais je n'aimais pas dire que j'étais amoureux d'une personne, car peut-être qu'en vérité je ne le suis pas. Non je ne pense pas, vu la réaction que j'ai quand je suis à ses côtés, je ne pense pas être indifférent à ses charmes. J'étais comme un petit garçon le jour de Noël, c'était une sensation tellement étrange, mais tellement belle. Je n'arriverais jamais à la décrire réellement, mais qu'est-ce que j'aime la vivre.

impossible n'est pas dans mon vocabulaire

Généralement, retourner à Poudlard pour débuter une nouvelle année n’était jamais la pire chose à faire. Du moins, pour moi. Chaque fin d’été, la même rengaine se mettait en place : Micah grinçait des dents à l’entente du mot « rentrée » dans la bouche de mes parents et n’arrivait jamais à avoir une bonne nuit de sommeil avant le départ de la résidence. Et à chaque fois, je ressentais un pincement au cœur de le voir dans cet état. Cette sensation qui me rappelait pourquoi je me battais, au cas-où j’oublierais.
Cependant cette fois-ci, la rentrée était entachée par l’échec de notre dernier combat et la perte du petit-frère Ravenclaw. La mort d’Hermès nous avait affecté tous les quatre de plusieurs manières : Jamie était une loque que je ramassais à la petite cuillère, ayant perdu son protégé et sa petite-amie (même si, soyons honnêtes, je n’étais pas la fan numéro un de Morrigan, préférant de loin sa jumelle mais faisant un effort pour Jamie), Lukeria était évidemment bouleversée par le décès de son petit-frère et Gwayne devait gérer également l’éloignement de Morrigan. Il ne restait que moi, aussi chamboulée qu’eux mais également là pour les soutenir. Peut-être qu’annoncer à Jamie et Luke nos « fiançailles imposées » avec Gwayne allait leur changer légèrement les idées. Ou peut-être pas.

En cette belle journée ensoleillée, je soupirai en voyant la pile de livres à rendre dans l’appartement personnel de Jamie. Un instant, je fus tentée de laisser la pile devant aller à la Bibliothèque ici et de ne prendre que ceux utiles pour la matinée, à savoir les manuels de Sortilèges et de Potions avant de réaliser que si je ne faisais rien, ces livres allaient rester là encore longtemps. La bibliothécaire avait beau être compréhensive, en particulier lorsqu’on s’appelait De Lioncourt ou Tyrell, Jamie avait d’autres préoccupations en tête que d’aller retourner des livres, aussi en retard fut-il.
Je déambulai donc dans les couloirs du château avec mes deux manuels et les livres de Jamie –il avait en fin de compte daigné prendre ses deux manuels mais avait tenté, en vain, de me dissuader d’aller à la Bibliothèque avant les cours d’un ton las et peu convaincant– dans les bras avant d’entendre une voix familière m’appeler par mon prénom complet. Je grimaçai légèrement, préférant que l’on m'appelle Rose plutôt que Rosehei et m’arrêtai avant de tourner la tête, avec un sourire désormais, vers mon interlocuteur. Isak Akerson, dans son uniforme de Poufsouffle, d’un an plus âgé que moi et sang-mêlé de son état, était apparu de nulle part pour jouer, comme à son habitude avec moi, son chevalier servant. Etrangement, il ne rougissait pas et ne balbutiait pas autant que d’habitude, m’interpellant une fraction de secondes avant de voir son sourire chasser mes pensées. Je savais que le Poufsouffle m’appréciait bien plus qu’il ne le devrait et j’aurais été plus que déçue si l’été l’avait fait changer d’avis. Et j’appréciais l’attention qu’il me portait, mignon et adorable comme il était.  Lui aussi d’ailleurs méritait la vie à laquelle la Rébellion aspirait. Restait à savoir s’il la voulait…

« Rose, s’il te plaît. Rosehei fait bien trop… »  Formel ? Voilà ce que je voulus rajouter alors que le mot restait coincé dans ma gorge. Seuls mes parents m’appelaient de cette manière ainsi que mes professeurs. De ce fait, entendre Isak m’appeler comme ça sonnait faux. Malgré notre différence de sangs que je n’admettais pas et qui requérait justement cette formalité. Ne pas continuer ma phrase avait donc été un choix judicieux, au cas-où nos allégeances divergeaient. Je continuais, imperturbable, alors qu’il prenait ma petite pile de livres pour la déposer sur la sienne.

« Tu es sûr que ça va aller ? », dis-je en désignant la nouvelle pile qu’il tenait avant de voir son sourire et sa bonne humeur contagieuse et de répondre à sa question concernant les vacances, évitant une nouvelle fois un sujet pouvant me vendre concernant ma véritable allégeance.

« Mes vacances se sont bien passées, rien de bien particulier. » Inconsciemment et le regard fixé sur mes pieds, je touchais la bague ornant depuis plusieurs semaines mon annulaire droit. « Enfin, non,  je suis désormais fiancée à un de mes meilleurs amis. J’aurais pu tomber sur pire et je remercie mes parents d’avoir choisi Gwayne plutôt qu’Aegon. Et les tiennes ? »

Je l’observai une nouvelle fois avec la pile de livres dans les mains et récupérai les deux livres du dessus de la pile, soit les deux livres restants avec moi. Peut-être aurais-je finalement dû dire à Micah de les ramener, même si je ne voulais pas que les foudres de la bibliothécaire s’abattent sur lui.

« Et pour répondre à ta question, nous allons à un endroit que tu connais bien : la Bibliothèque. Les livres que tu portes appartiennent à Jamie mais ce fainéant n’a jamais pris le temps de les ramener avant la fin des cours. Je me suis dit qu’en les ramenant personnellement, la bibliothécaire serait plus indulgente. »

Nous commençâmes à marcher et je fus soulagée que le couloir où nous étions fût désert. J’étais vue comme l’égoïste princesse de la mode Tyrell, pas celle qui s’intéressait aux autres, même si Isak était devenu mon ami et qu’il se doutait que je n’étais pas comme ça. Je ne voulais juste pas que l’on pense. A croire que cette rentrée me chamboulait plus que ce que je pensais. Je tentais de revenir à un sujet plus basique. « Alors, cette spécialité ? Qu’as-tu choisi en fin de compte ? » On ne pouvait pas faire plus basique comme sujet, vraiment.